Cannes 2025 — Un festival sous le sceau de l’émotion, du risque et de la révélation
- L'ÉPOQUE PARIS
- May 23
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Updated: May 25
L'ÉPOQUE - Croisette, mai 2025 — Alors que le rideau s’apprête à tomber sur la 78e édition du Festival de Cannes, le sentiment qui domine est celui d’une année d’exception, où le cinéma a osé se confronter à l’intime, au politique, et à l’indicible. Portée par une sélection éclectique, exigeante et audacieuse, cette édition restera comme l’une des plus vibrantes de la décennie.
23.05.2025 © L'ÉPOQUE PARIS
Par Chloé Le Roy

Le triomphe de la mise en abyme : Valeur sentimentale de Joachim Trier
Avec Valeur Sentimentale (Sentimental value), Joachim Trier signe un chef-d’œuvre d’émotion contenue, une œuvre élégiaque qui explore, à travers le prisme du cinéma lui-même, les fractures d’un passé familial. Oscillant entre autofiction et méta-narration, le film met en scène deux sœurs face à l’héritage trouble d’un père cinéaste, avec une performance bouleversante de Renate Reinsve. La salle Debussy s’est levée comme un seul corps pour offrir 19 minutes d’ovation : un hommage vibrant à l’art de filmer les cicatrices invisibles.
Scarlett Johansson surprend avec un premier film bouleversant
Présenté dans la section Un Certain Regard, Eleanor the Great marque l’entrée en réalisation de Scarlett Johansson. Dans une mise en scène d’une sobriété rare, l’actrice-réalisatrice révèle une sensibilité narrative inattendue. June Squibb y incarne une octogénaire qui adopte l’identité d’une survivante de la Shoah : une réflexion poignante sur la mémoire, la solitude et les rôles que l’on se donne pour survivre. La critique salue unanimement un film d’une pudeur déchirante.

Neeraj Ghaywan impose le cinéma indien dans la compétition
Seul représentant du sous-continent en compétition officielle, Neeraj Ghaywan s’est vu récompensé par neuf minutes d’applaudissements nourris pour Homebound, chronique âpre et humaniste d’une amitié masculine confrontée aux dérives du pouvoir policier. Avec une esthétique sobre mais puissante, Ghaywan signe un film d’une densité morale rare, confirmant sa place dans le panthéon des auteurs à suivre.

Ducournau divise avec Alpha : l’excès jusqu’à l’ivresse
Après la Palme d’Or controversée de Titane, Julia Ducournau revient avec Alpha, un trip cinématographique viscéral qui laisse la critique partagée. D’aucuns saluent son audace formelle et son refus de tout compromis ; d’autres dénoncent une narration fragmentée, parfois hermétique. Reste une expérience sensorielle extrême, qui confirme le statut de Ducournau comme artiste radicale, plus alchimiste que conteuse.

Linklater rend hommage à la Nouvelle Vague
Avec Nouvelle Vague, Richard Linklater déclare sa flamme au cinéma français des années 1960, dans un noir et blanc soyeux qui évoque Godard, Rohmer et Truffaut. En réunissant Guillaume Marbeck et Zoey Deutch, le réalisateur américain livre une méditation sur l’amour, l’engagement politique et l’impermanence du désir. Un exercice de style certes, mais porté par une sincérité touchante et un souffle mélancolique.
Les marches comme cathédrale du glamour
Le Festival de Cannes 2025 a, une fois de plus, transformé la Croisette en sanctuaire du style et de l’élégance. À chaque montée des marches, les stars ont rivalisé de beauté, d’audace et de sophistication, incarnant à la perfection l’esprit du cinéma et de la mode.
Eva Longoria a ébloui à deux reprises : d’abord dans une somptueuse robe bleu nuit signée Elie Saab lors de la première de Mission Impossible: The Final Reckoning, puis dans une robe noire et or de Tamara Ralph à l’ouverture du festival. Un sans-faute glamour. Halle Berry, membre du jury, a fait sensation dans une création sculpturale bordeaux de Gaurav Gupta Couture pour The Phoenician Scheme, soulignant une élégance magnétique et contemporaine.
Thalia Besson, nouvelle étoile du cinéma français, a électrisé le tapis rouge dans une robe lamée argent, mélangeant modernité et grâce classique. Elle Fanning, apparition féerique, flottait comme un rêve dans une robe translucide aux reflets opalescents, évoquant le verre soufflé et l’épure du chic cannois. Paul Mescal, quant à lui, a incarné la grâce masculine dans un smoking noir au tombé impeccable, entre mystère et sobriété raffinée.
Parmi les autres moments inoubliables : Angelina Jolie, radieuse en robe drapée ivoire ; Natalie Portman, subtile et romantique en Dior ; Emma Stone et Julianne Moore, chacune dans des tenues mêlant théâtralité et raffinement ; sans oublier Charlotte Gainsbourg et Carla Bruni, qui ont apporté la touche française, minimaliste et magnétique.
Enfin, l’icône absolue Aishwarya Rai Bachchan a illuminé la Croisette avec deux apparitions sublimes. Accompagnée de sa fille Aaradhya, elle a conjugué audace contemporaine et héritage culturel dans des tenues spectaculaires, véritable manifeste de l’élégance indienne.
Cannes 2025 aura prouvé, une fois encore, que le tapis rouge est un théâtre où se joue l’éternel ballet de la beauté et du rêve.

Une présidence d’exception et une Palme d’honneur emblématique
Juliette Binoche, présidente de cette édition, a su insuffler à la sélection un regard d’une finesse intransigeante. À ses côtés, une jury cosmopolite composé d’Halle Berry, Jeremy Strong et Alba Rohrwacher a œuvré pour récompenser un cinéma à la fois audacieux, incarné et sensible.
Moment d’émotion : la Palme d’Or d’honneur remise à Denzel Washington, salué pour l’ensemble de sa carrière. Une ovation debout, les larmes aux yeux, a scellé cette reconnaissance méritée à un géant du septième art.

Cannes 2025 s’impose comme un millésime d’exception. Portée par la richesse de sa programmation, la générosité de ses artistes et l’exigence de ses choix esthétiques, cette édition a démontré que le cinéma, loin d’être en crise, est plus que jamais un art vivant, nécessaire et incandescent.