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La Loi sur l'immigration - Une atteinte aux valeurs républicaines et une remise en cause du 'macronisme'

L'ÉPOQUE - Le débat sur l'immigration en France a atteint un niveau alarmant de compromis avec la nouvelle Loi sur l'immigration. Une loi, écrite sous l'influence de l’extrême droite et votée sous la pression du gouvernement qui prétendait représenter la modération, est devenue une liste ressemblant au tract du Rassemblement National (RN). Le texte final adopté par le Sénat et l'Assemblée nationale contient des mesures remettant en question des principes républicains fondamentaux tels que l'égalité des droits sociaux et le droit du sol.


20.12.2023 © L'ÉPOQUE PARIS


Par Nereides Antonio Giamundo de Bourbon



loi sur l'immigration
Sébastien Chenu et Marine Le Pen à l'Assemblée national, le 19 décembre 2023, pour le vote de la loi sur le contrôle de l'immigration - Photographie de © Ludovic Marin / AFP.

Voté sans surprise au Sénat, le texte controversé de la Loi sur l'immigration a obtenu les voix nécessaires à l’Assemblée nationale, malgré le rejet de 37 députés de Renaissance.


Le projet initial soutenu par l'opinion publique alliait des dispositions répressives ou restrictives destinées à faciliter les reconduites à la frontière et accélérer les décisions sur l'asile, ainsi qu'un droit à la régularisation pour les sans-papiers travaillant dans les métiers en tension, une mesure libérale inédite depuis des décennies. Cette dernière a pratiquement été effacée.


En revanche, Les Républicains ont imposé une série de dispositifs piochés dans le programme du RN et complaisamment acceptés par le gouvernement : la restriction de l'accès aux prestations sociales, la fin de l'acquisition automatique de la nationalité française pour les enfants nés en France de parents étrangers, l'exclusion des sans-papiers de l'hébergement d'urgence et la promesse d'une réforme de l'aide médicale d'Etat.


Ces mesures constituent des signaux validant les discours vindicatifs de l'extrême droite. L'exécutif aurait dû renoncer à un projet hors de son contrôle. Le piège a débuté avec le vote d'une motion de rejet par toutes les oppositions coalisées et s'est poursuivi lorsque la commission mixte paritaire, dominée par la droite, a été chargée de trouver un compromis.


Le gouvernement a tout cédé : les valeurs qu'il prétend porter, la cohérence de sa démarche et l'unité de sa majorité qui a volé en éclats lorsque Marine Le Pen, à la remorque du RN, a annoncé qu'elle voterait en faveur du texte.


Emmanuel Macron doit retrouver son rôle de rassembleur et combattant contre la xénophobie politique dont le pays a tant besoin. Le débat puis le vote de cette loi laisseront des traces lourdes. La rupture est à la fois politique et morale, plusieurs ministres envisageant même de démissionner.



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