L'ÉPOQUE PARIS - Aujourd'hui, nous élevons notre voix avec celle de toutes les femmes du monde dans la lutte pour la défense des droits fondamentaux, de la liberté et de l'égalité.
08.03.2023 © L'ÉPOQUE PARIS
Par Nereides Antonio Giamundo de Bourbon
© Koofi Fawzia
Dès ses premières années, la Journée internationale des droits des femmes a pris une nouvelle dimension mondiale dans les pays développés comme dans les pays en développement. Le mouvement féministe en plein essor, qui avait été renforcé par quatre conférences mondiales sur les femmes organisées sous l’égide de l’ONU, a aidé à faire de la célébration de cette Journée le point de ralliement des efforts coordonnés déployés pour exiger la réalisation des droits des femmes et leur participation au processus politique et économique. Le 8 mars est une journée de rassemblements à travers le monde et l'occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. C'est aussi l'occasion de mobiliser en faveur des droits des femmes et de leur participation à la vie politique et économique. Les Nations Unies définissent chaque année une thématique différente. Cette édition 2023 de la Journée internationale des femmes se déroule sous le thème de l'innovation et des technologies : "Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes". Ce thème est associé au thème prioritaire de la 67e session de la Commission de la condition de la femme (CSW-67), à savoir "L’innovation, le changement technologique et l’éducation à l’ère du numérique pour réaliser l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles". ll permet de saluer et de célébrer les femmes et les filles qui défendent l'avancement de la technologie transformatrice et de l'éducation numérique.
À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars 2023, L'ÉPOQUE célèbre le courage de la militante afghane des droits humains Fawzia Koofi dont l'engagement en faveur des droits des femmes, de l'égalité des genres, du droit des filles à l'éducation et de la fin de la violence et des conflits en Afghanistan a fait d'elle une cible pour ceux qui veulent gouverner l'Afghanistan par la force armée. Fawzia Koofi, 48 ans, a été l'une des premières femmes parlementaires en Afghanistan, et sa toute première femme vice-présidente qui s'est distinguée par son courage et sa détermination à défendre la paix et les droits de l'homme et de la femme en Afghanistan face à un grave danger.
© Koofi Fawzia
«J'espère voir un Afghanistan où toute personne se sent dans son propre pays (...), un Afghanistan où l’on se sent en sécurité», explique-t-elle Koofi Fawzia. «Si nous n'y parvenons pas maintenant, cela n’arrivera jamais».
Le jour où Fawzia est née, c'était le jour où elle était censée mourir. En tant que fille nouveau-née non désirée, la 19e de 23 enfants, Fawzia a été laissée au soleil pour mourir mais sa mère, l'une des sept épouses de son père, l'avait sauvée plus tard, en réponse à ses cris de détresse. Fawzia a survécu non seulement à ce premier jour de sa vie mais aussi à la brutalité et à la violence qui ont suivi. Dans le terrain accidenté de la province septentrionale du Badakhshan où elle a grandi, elle a vu son père battre sa mère. Après que les moudjahidines avaient tué son père, un membre du parlement afghan de l'époque, et menacé d'assassiner toute la famille, elle s'était enfuie avec sa mère à Kaboul. Elle a été la première fille de sa famille à aller à l'école, recevant sa première éducation pendant les années du conflit soviéto-afghan du 1979 à 1989.
Après l'arrivée au pouvoir des talibans en 1995, qui avaient interdit aux femmes l'accès à l'éducation et à l'emploi, Fawzia avait été forcée d'abandonner ses études universitaires de médecine mais, plus tard, elle avait obtenu une licence en droit et sciences politiques et une maîtrise en relations internationales et droits de l'homme. Sous le régime taliban, elle avait créé une école clandestine à domicile pour les filles privées d'éducation. Pendant ce régime, des membres de sa famille proche avaient été tués et son mari était décédé à cause d'une tuberculose contractée pendant son séjour dans une prison talibane, la laissant veuve avec deux petites filles.
© Koofi Fawzia
En 2005, Fawzia Koofi avait été élue représentante de la province de Badakhshan. Elle a également été la première femme à être élue deuxième vice-présidente du Parlement dans l'histoire de l'Afghanistan et est devenue présidente de la Commission des femmes, des droits de l'homme et de la société civile. Fawzia a également été nominée pour le prix Nobel de la paix Le mouvement qu'elle avait lancé, le Mouvement du changement pour l'Afghanistan, qui milite toujours pour les droits humains et civils, avait été enregistré en tant que parti politique en décembre 2019 tandis que Fawzia est devenue la toute première femme dirigeante d'un parti politique du pays.
En 2019, Fawzia avait été une représentante du gouvernement afghan dans les négociations de paix avec les Talibans terminées par un accord signé en février 2020 et qui fixait une date au retrait de toutes les forces internationales d'Afghanistan. Elle s'était publiquement opposée aux talibans dans la lutte pour les droits des femmes et s'était battue pour que les femmes puissent être incluses dans le processus de paix. Elle a ensuite été l'une des quatre seules femmes d'une équipe de 21 membres d'éminents pourparlers afghans officiels, résultant de l'accord de février, visant un éventuel règlement de partage du pouvoir politique avec les talibans. En septembre 2020, Fawzia avait participé à l'une des rencontres de pourparlers officiels au Qatar avec son bras droit dans le plâtre, en raison de la blessure par balle subie lors de la tentative d'assassinat qui avait eu lieu quelques semaines auparavant. Dès son arrivée au Qatar le 31 août, elle avait déclaré : « Je vais repartir (pour l'Afghanistan). Je continuerai à militer pour défendre les femmes».
© Koofi Fawzia
Dans les mois qui avaient précédé l'arrivée des talibans à Kaboul, elle avait visité des camps de fortune dans diverses capitales provinciales et à Kaboul, où des milliers de personnes avaient fui après avoir été déplacées par l'avancée militaire des talibans à travers le pays. Fawza avait alors collecté des fonds et aidé à distribuer des vivres de première nécessité.. Elle avait également accordé des interviews aux médias internationaux, attirant l'attention sur le sort des femmes et des familles qui avaient désespérément besoin de nourriture, d'eau et de tentes. Elle avait dénoncé publiquement les violations des droits de l'homme perpétrées par les talibans dans les zones qu'ils contrôlent. Cependant, elle avait dénoncé que dans certains endroits, leur prise de contrôle avait été davantage due à un leadership gouvernemental faible et corrompu plutôt qu'à leur propre force. Fawza avait donc sollicité la communauté internationale à utiliser son influence politique pour empêcher les talibans de prendre le contrôle militaire de l'Afghanistan, à accélérer les négociations de paix et à convenir d'un accord de partage du pouvoir politique. Lorsque les talibans étaient entrés dans Kaboul, le chef de la sécurité de Fawzia avait reçu un appel téléphonique menaçant. Plus tard, deux groupes de talibans lourdement armés s'étaient présentés devant sa porte dans une tentative de perquisition. Finalement, ils n'avaient pas forcé la porte mais avaient laissé des combattants armés devant sa porte en plaçant Fawzia sous étroite surveillance, sous une forme d'assignation à résidence, jusqu'à son départ du pays sur l'un des tout derniers vols au départ de Kaboul. Avant son départ d'Afghanistan, elle avait déclaré : «Je vais continuer. Je continuerai à résister, je continuerai à lutter, je continuerai à élever ma voix. Je continuerai à protéger les droits et la voix des gens...je resterai quelque part très proche, afin que je puisse aller et venir et soutenir mon peuple». Le courage de Fawzia Koofi a été reconnu par les médias et les défenseurs des droits humains du monde entier. La rédaction de L'ÉPOQUE se joint à la voix des femmes du monde entier dans la célébration de la Journée internationale des droits de la femme et pour exprimer le plus sincère soutien à Fawzia Koofi qui ne cesse pas de se battre pour la défense des femmes afghanes malgré les risques quotidiens auxquels elle est confrontée et le silence assourdissant de la communauté internationale face à la violence et aux violations des droits des femmes en Afghanistan.
Instagram:
LinkedIn:
Twitter: